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Devant moi... Au fil du temps
27 janvier 2007

~° Rien n’est impossible - 6 °~

Les épisodes précédents

 

Elle se dépêcha de terminer son affaire, garda la feuille de journal en main et sortit avec la ferme intention d’avoir une discussion avec Mikolaj. Elle fit quelques pas puis s’arrêta soudainement. Elle approcha le feuillet de ses yeux et s’attarda à nouveau sur l’article. Quelque chose la tourmentait… Sans trop savoir ce que c’était, ni de quoi il s’agissait, mais elle savait que c’était lié à ce bout de papier. Elle lu et relu l’article, phrases à phrases, mots à mots, lettres à lettres… Puis finit par découvrir ce qui la tracassait.

Le journal qu’elle venait de lire, de relire, d’analyser n’était pas écrit en français. Il n’était pas non plus écrit en anglais, ni même en allemand, en espagnol ou en italien. Il était écrit en une langue étrangère, qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle avait réussi à lire et à comprendre.

Cette surprenante découverte l’immobilisa sur place. Comment pouvait-elle lire, comprendre une langue qu’elle n’avait jamais apprise, jamais étudiée ? Avait-elle reçu ce dont lors de ce voyage dans le temps, avait-elle pris l’identité de quelqu’un d’autre, une immigrante ? Etait-elle quelqu’un d’autre ? 

Elle releva la tête et regarda en direction de la porte vitrée. Mikolaj était derrière, il lui faisait signe de rentrer, mais Rose ne le voyait pas. Le regard vide, elle fit un tour sur elle-même, s’interrogeant sur l’endroit où elle se trouvait. Il ne lui rappelait aucun lieu où elle était déjà venue, aucun lieu de son enfance. Cela n’était pas étonnant, après plus d’un demi siècle les endroits changent, évoluent, surtout après la guerre et ses ravages.

Elle n’entendit pas Mikolaj l’appeler.

 

- Rose… Rose ! Dépêche toi, il ne faut pas rester trop longtemps dehors ! Vite, vite rentre maintenant Rose. Je t’en pris, dépêche toi !

 

Ne la voyant pas bouger, Mikolaj décida d’aller la chercher. Une fois à sa hauteur, il lui pris la main et l’entraîna vers la maison. Il la fit s’asseoir dans la cuisine et lui servit les dernière gouttes de café. Il l’obligea à boire ce qui la fit sortir de sa léthargie. Elle saisit les mains de l’enfant, les frotta entre les siennes en essayant se contenir et en cherchant ses mots. Enfin, elle releva la tête, elle le regarda dans les yeux et anxieusement, presque en le suppliant, elle lui demanda :

 

- Mikolaj, où sommes nous ?

- Nous sommes chez moi, dans ma maison, chez mes parents. Ils ne sont pas là, mais ils vont revenir. T’as bien vu, Maman avait tout préparer, c’est qu’elle va revenir…

- Non Mikolaj ! Lui cria-t-elle en perdant son sang froid. Cà je le sais ! Où sommes nous réellement ? A quel endroit ? Dans quel pays ?

 

Mikolaj ne répondit pas. Stupéfait par le comportement de son amie, irrité par ses questions déplacées, il s’éloigna d’elle. Reculant jusqu’au mur, il croisa ses bras, baissa sa tête et regarda ses pieds. Il serra des dents, se mordit l’intérieur de la joue afin que cette douleur ne laisse pas paraître davantage sa contrariété. Son visage c’était rapidement assombrit ; le bleu de ses yeux avait laissé place au gris anthracite, il fronçait le regard en direction de Rose. Ses lèvres effectuaient de petits mouvements d’avant en arrière, il faisait rouler entre ses dents un morceau de joue qu’il mordillait.

 

- Dis moi où nous sommes, Mikolaj, insista-t-elle. Je dois savoir. Où sommes nous… Je t’en pris, dis le moi…

- En Pologne. Lui répondit-il d’une voix à peine audible, au bout de quelques minutes d’attente qui semblèrent une éternité pour Rose.

- En Pologne ! Nous sommes en Pologne ! Je suis en Pologne… Tu es polonais… Tu parles le polonais et moi aussi…

- Ben oui… Où veux-tu que l’on soit, lui répondit-il naturellement.

 

La tête entre ses mains, les coudes posés sur la table de la cuisine, Rose ressassait les mêmes phrases devant Mikolaj resté dans son coin et consterné par son attitude. « J’deviens folle ! Ce n’est pas possible ! C’est impossible, je rêve… Je vais me réveiller… » Elle se frottait le visage, tirant ses cheveux en arrière et poursuivant ses propos divaguant. « C’est un cauchemar ! Je vis un vrai cauchemar… J’vais me réveiller… » 

Mikolaj ne comprenait plus rien. Rose avait perdu la tête. Elle l’inquiétait et il ne se sentait plus en sécurité auprès d’elle. Il s’était retrouvé par le plus grand des hasards avec quelqu’un qui devait l’aider à rechercher sa mère, mais cette personne était devenue folle. Qu’allait-il faire, qu’allait-il devenir ? Il était à nouveau seul, perdu, sans personne pour le secourir. Les larmes commencèrent à envahir son visage. Assis par terre contre le mur, la tête entre les genoux, Mikolaj pleurait à chaude larmes. Rose l’apercevant dans cet état, se ressaisit et alla le retrouver.

 

- Excuse Mikolaj… Excuse moi, je ne voulais pas t’inquiéter ou te faire peur… mais tu sais… tout çà est nouveau pour moi… J’arrive chez toi… je te connais à peine, je dois retrouver tes parents, ta maman… C’est la guerre, et… et… çà fait beaucoup de choses. J’ai paniqué, mais… arrête de pleurer… On va y arriver… on va s’en sortir. Toi et moi, tous les deux, ensemble, on va s’en sortir. Lui relevant la tête, le regardant droit dans les yeux : je te le promets, je vais t’aider.

 

A ses paroles, l’enfant se jeta à son cou et la serra de toutes ses forces. Il restèrent enlacés l’un et l’autre pendant plusieurs minutes, avant que Rose ne reprenne la parole.

 

- On va s’habiller et je vais réfléchir au moyen de retrouver tes parents. On va parler aussi, après Mikolaj. Il faut que j’en apprenne un peu plus sur tes parents pour t’aider à les retrouver. Allez vas y, va t’habiller.

 

Mikolaj partit dans sa chambre et Rose dans celle où elle s’était réveillée quelques heures auparavant. Elle commença à chercher dans les tiroirs et dans l’armoire des indices lui permettant d’en savoir un peu plus sur cette famille. Elle trouva un sac à main. Elle le sortit de l’armoire et l’ouvrit. Il avait un peu d’argent, une enveloppe, une photo et des papiers d’identité.

  

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