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Devant moi... Au fil du temps
30 novembre 2006

~° Rien n’est impossible - 2 °~

L'épisode précédent 

 

Peu à peu, l’enfant s’apaisa. Sous l’effet des bercements il s’endormit dans les bras de celle qui n’était pas sa mère mais qui en avait pris la place. Elle le coucha délicatement afin de ne pas le réveiller, puis le couvrit. La fraîcheur avait envahi la pièce, ce qui ne l’étonna pas puisque l’électricité n’était toujours pas revenue. Elle se glissa sous la couette, la remonta jusqu’au cou et constata que son odeur et même celle de la pièce était différente, voire inhabituelle. Fatiguée, elle n’y accorda pas plus longtemps d’importance. « C’est certainement lié au parfum de ce p’tit bonhomme. » pensa-t-elle avant de sombrer dans un profond sommeil.

 

Les heures passèrent, progressivement la lumière du jour illumina la pièce. L’enfant dormait toujours. Il était totalement enfouit sous les couvertures, certainement recroquevillé sur lui-même, tel un jeune chiot sous le ventre de sa mère. On ne distinguait de lui qu’une masse inerte.

À ses côtés, la femme émergeait lentement de son sommeil. Sa première pensée fut pour ces enfants qui habituellement venaient la réveiller aux alentours des neuf heures. Mais aujourd’hui, rien. D’ailleurs, elle constata qu’elle ne les avait pas entendu se lever pour aller aux toilettes. Pas de bruits de portes s’ouvrant et se refermant, pas de chuchotements la réveillant…. Le week-end, c’était presque un rituel. Puis, s’il était l’heure de se réveiller, ils pouvaient lire bien sagement dans leur lit ou tous les deux ensembles dans un même lit, autrement, ils se recouchaient.

Mais là, toujours aucun bruit dans la maison. Dormait-ils profondément faute d’avoir été réveillés par leur radio réveil ?

 

La tête enfoncée dans l’oreiller, elle ne semblait pas très désireuse d’ouvrir les yeux et d’abandonner son lit si douillet, si chaud. Elle se raisonna en pensant à tout ce qu’il l’attendait.

« Faut que je me lève, il doit être l’heure… Si je traîne plus longtemps, je vais prendre du retard sur le reste de la journée. Foutu travaux ménagers à faire ! Oooh, mais y a ce p’tit bonhomme à ramener à ses parents… Sa disparition ne semble pas trop les affoler ceux là ! Ils doivent encore dormir, comme moi. Allez, debout ma grande ! »

Elle se frotta les yeux, bailla, s’étira dans tous sens, reprit une grande inspiration pour se donner du courage, et remarqua que l’odeur de la veille était toujours présente. Un mélange de cire ancienne mêlée à une légère humidité et au parfum de rose. Elle entrouvrit les yeux et brusquement se redressa. Un cri incontrôlable sorti de sa bouche. Elle se figea, incapable de faire le moindre geste. Elle resta quelques minutes assise dans le lit, les lèvres tremblantes, les yeux écarquillés, le teint blême… Elle était pétrifiée par l’incompréhension de la situation. Le rythme de son cœur s’accéléra. Elle fut prise de sueurs froides et des frissons envahir son corps.

 

Face à elle, le miroir de la porte d’armoire en bois sculpté reflétait son image. C’était bien elle ; elle n’avait pas changé, son visage ne semblait ni plus jeune, ni plus âgé. C’était le sien, tel qu’elle avait vu la veille au soir, lorsqu’elle s’était démaquillée. Mais tout ce qui était autour d’elle avait changé... Elle s’aperçu que son corps revêtait une chemise de nuit, le style de chemise de nuit à petites fleurs et en flanelle que revêtait sa grand-mère. De celle qu’elle envisageait de mettre un jour, lorsqu’elle serait plus âgée, plus frileuse et que son corps déformé par le temps ne serait plus digne d’être montré aux yeux de son cher époux, contraint à être caché.

L’armoire, le lit, la chaise sur laquelle aucun vêtement n’était posé, le chevet, la lampe… Elle ne reconnaissait rien. Rien, pas un détail, pas une photo dans la pièce, pas un livre posé quelque part, pas un meuble pouvant lui rappelé un lieu de sa vie. Cette chambre et tous les éléments qui s’y trouvaient lui étaient inconnus, totalement inconnus.

 

Elle n’était plus chez elle. Le petit garçon de cette nuit avait raison ; c’est elle qui était chez lui, pas le contraire comme elle l’avait affirmé. Elle ne trouvait aucune explication à la situation dans laquelle elle se trouvait. Sa seule certitude était qu’elle était seule dans cette maison, ses enfants n’y étaient pas ; ils seraient déjà venus, ils l’auraient rejointe, effrayés, une fois réveillés.

 

Que faisait-elle ici ? Où était-t-elle ? Comment est-elle arrivée jusqu’ici ?

 

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Commentaires
H
Ecoute, Cassandrali, on entre dans ton histoire dès qu'on lit les premiers mots; l'étrangeté qui s'en dégage est presque palpable...<br /> Je reviendrai lire la suite.<br /> C'est un peu comme les romans de Victor Hugo, qu'il écrivait sous forme d'épisodes dans un hebdo...On attend la suite avec impatience!<br /> <br /> Bonne nuit, Hélène.
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