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Devant moi... Au fil du temps
3 septembre 2007

7 Mots pour la rentrée

Atelier d'écriture " Les Impromptus Littéraires "

Thème de la semaine du 27/08/07 au 02/09/07 - " 7 Mots pour la rentrée "

Le temps de la rentrée arrive à pas feutrés, dans le calme ou dans la démesure. C'est un moment de stress, d'évocations de souvenirs d'été, de préparation à la reprise du travail ou de mélancolie. Ce peut-être également un moment de pur délire.
Il vous est proposé de rédiger un texte dans lequel devront impérativement figurer les 7 mots suivants écrits comme il suit : Orion, GPS, sensualité , professeur, abricot, agenda et tong.
Les pluriels seront acceptés. Cet ordre n'est qu'indicatif.
À vos plumes ! Et bonne rentrée !

~ ° o O o ° ~

Les vacances, synonyme de repos, de soleil, de valises, de centaines de kilomètres pour regagner son lieu de villégiature. L’une des périodes de l’année les plus attendues avec Noël ; mais cette année, je ne pars pas, je déménage. Assise en tailleur au beau milieu de ma chambre, entourée de vielles boites d’archives, je trie et re-trie les souvenirs amassés des années durant. Parmi eux, je retrouve un petit carnet de la taille d’un agenda, à la couverture cartonnée et fleurie.
Quelle surprise, je pensais l’avoir jeté celui-là !
Mon journal…
Je me rappelle l’avoir commencé lorsque j’avais quinze ans. Mon amie Isabelle qui tenait le sien, me l’avait offert afin que je puisse y noter mes joies, mes peines, mon quotidien… Tous mes secrets… Je l’avais même parfumé avec mon eau de toilette, un parfum fruité. Comme toutes les adolescentes à cette époque, j’en raffolais. Moi c’était pêche ou bien abricot, je ne sais plus…
Je rapproche de mon nez le précieux livret et avec stupéfaction, j’en découvre sa légère odeur sucrée. Je le regarde, osant à peine l’ouvrir, caressant sa couverture. Délicatement, je glisse un doigt entre les premières pages, les soulève. Le journal s’ouvre…
Il accepte de me livrer une nouvelle fois ses secrets, au hasard des pages que je feuillette.

Lundi 29 juin 1981
Mon journal, je me décide enfin à t’écrire, griffonner quelques mots sur tes pages. C’est le premier jour des vacances et je me demande comment je vais pouvoir occuper mes journées. Deux mois et demi de congés, c’est plus de deux mois sans mes amies, sans Isabelle surtout. J’écoute la musique, je regarde la télé, je dessine… Voilà le programme en ce moment. Ah si ! On ira aussi visiter un ou deux châteaux de la Loire avec maman.
Et puis, dans une quinzaine de jours, nous partirons à la mer, en camping à l’Ile de Ré. Je me demande si je me ferai des amis là-bas, un petit ami… Un « GPS » comme dit souvent Isabelle.
Elle me manque. Elle est partie à Palavas-les-Flots rejoindre son père qui y vit depuis son divorce.
Je vais lui écrire, tout à l’heure…
Je joue aux cartes, je fais des réussites ; si je gagne, mon vœu se réalisera, si je perds, tant pis… Souvent, mon vœu c’est d’avoir un « GPS »… Mais je pers les trois quart du temps.
Petite précision, « GPS » c’est l’abréviation de Garçon Parfait et Séduisant. C’est un code inventé par Isabelle, facile à retenir et à placer dans nos discussions entre fille.

Mercredi 15 juillet 1981
C’est le grand jour du départ. La remorque est attelée à la Ford Orion. Pour une fois maman a décidé de prendre l’autoroute pour aller plus vite. Enfin, pour avoir moins de route car maman ne conduit jamais vite. Avant Tours, un véhicule d’entretien de l’autoroute nous a fait signe de nous arrêter. On roule à 80 km heure et c’est dangereux. Il faut sortir dès que possible et en attendant rouler avec les warnings sur la bande d’arrêt urgence. La honte…
17 heures maman est trop fatiguée. Elle préfère s’arrêter dès qu’on trouve un camping pour y passer la nuit et repartir le lendemain. Ironie du sort, c’est à « La Crèche » on l’on monte la tente.
J’ai écrit à Isabelle mais je n’ai pas eu de réponse, peut-être à mon retour.

Vendredi 7 août 1981
Cher journal, je t’ai un peu délaissée c’est dernier temps… Pas le temps… Pas envie… J’ai reçu une lettre de Florence mais je n’ai toujours pas de nouvelles d’Isabelle. Elle doit bien s’amuser là-bas dans le sud, elle a la plage, la mer, le soleil tous les jours… Quelle chance ! Ici, il n’y a rien à faire !
J’ai commencé un nouveau dessin avec mes pastels, celles offertes par mon pépé. Il trouve que j’ai un joli coup de crayon mais maman ne souhaite pas que je fasse des études artistiques ; elle pense que cela ne débouche pas vers un travail sérieux.
Allongée sur la pelouse, je regarde le ciel bleu avec un peu de tristesse. Le bilan de ce premier mois est loin d’être fantastique. Pas de « GPS », pas d’Isabelle, seulement mes frangines et mon frère. Ma sœur aînée a un petit copain, elle le voit presque tous les jours car il a une mobylette et ainsi il peut venir dans notre patelin paumé. Mon autre sœur passe cet après-midi chez sa copine Patricia ; normal, elle habite à 500m. Moi, ma copine, elle est trop loin…
Maman m’appelle, le facteur est passé, il y a une lettre pour moi. J’enfile mes tongs et cours la rejoindre. C’est sûrement Isabelle.

Samedi 8 août 1981
J’ai enfin reçu une lettre d’Isabelle. Elle passe de superbes vacances avec son frère, son père et sa nouvelle fiancée. C’est une très jolie femme, blonde aux yeux verts, qui aurait beaucoup de sensualité selon les mots d’Isabelle. Elle a presque dix ans de différence avec son père et ils envisagent de se marier, peut-être l’année prochaine.
Je suis contente car elle rentre après le 15 août. Je vais demander à maman si elle est d’accord que je l’invite à la maison.
Demain, on ira faire les courses pour la rentrée scolaire. Il n’y a pas trop de choses, c’est surtout des livres à acheter, à la bourse aux livres s’ils y sont, autrement on verra.
Cette année, je quitte le collège pour le lycée, la seconde, l’inconnu… Je ne connaîtrai pas grand monde là-bas, c’est la période où les chemins se séparent, chacun emprunte la route qu’il souhaite en fonction de ses orientations et du métier qu’il désire faire plus tard.
J’angoisse un peu de devoir affronter ce nouvel univers…

Je parcours encore quelques pages. Je sais qu’il est tard, que les cartons ne sont pas terminés, que j’ai pris un retard énorme, mais la rentrée scolaire de mes enfants approchant à grand pas, je ne peux m’empêcher d’aller voir plus loin, si j’avais écrit quelque chose sur cet évènement.

Jeudi 10 septembre 1981
C’est mon entrée au lycée. Maman a repris le travail et n’a pu m’emmener. J’ai pris le car à 13h00 ; d’ailleurs je n’avais pas le choix, il n’y en a qu’un seul l’après-midi pour aller en ville. La semaine dernière, on a repéré le chemin avec maman, afin que je ne sois pas perdue le premier jour.
J’étais très en avance, j’ai attendu seule dans la cours du lycée qui s’est vidée peu à peu de ses élèves, les premières, les terminales. Il ne devait rester que les secondes et les professeurs principaux venant les accueillir.
Isabelle est enfin arrivée et on n’a pas arrêté de discuter, jusqu’à ce qu’elle soit appelée. Pas moi… Je l’ai vu  partir avec son groupe. J’ai senti mon cœur se serrer. Isabelle n’était pas dans la même classe que moi, on était séparée. J’avais envie de pleurer, assise sur ce banc, abandonnée, aucun visage autour de moi pour me rassurer. Je sentais les larmes venir, j’ai levé les yeux au ciel afin que personne ne sache qu’une pauvre gamine de 15 ans pleurait comme un enfant de 3 ans, rentrant en première année de maternelle.
Une fille est arrivée, très sure d’elle… C’était une redoublante, elle connaissait les lieux, elle n’avait peur de rien alors que moi je restais pétrifiée.
Un prof s’est approché, c’était mon prof principal. Une femme d’une quarantaine d’années, aux cheveux courts et bouclés, l’allure garçonne mais semblant malgré tout gentille. L’appel terminé, tout le monde a regagné la classe pour procéder au rituel des fiches administratives à remplir.
A la fin des cours, je n’ai pas retrouvé Isabelle. Elle a terminé plus tôt et était déjà repartie chez elle. Demain, il faut que je lui demande son emploi du temps.

La nostalgie du temps passé, des amis d’enfance, du collège, du lycée, ces moments intenses vécus ensemble… Ce passé quelque peu oublié, qui me revient en pleine face et me perturbe un tant soit peu. Je me rends compte à quel point le temps passe vite, trop vite.
Ces clichés pris sur le vif, il me semble que c’était hier, pourtant c’était il y a plus de 25 ans… Qu’il est loin ce temps où l’avenir était devant moi, tous ces projets, ces rêves qui fourmillaient dans la tête…
Je suis interrompu dans ma réflexion par ma fille entrant dans ma chambre. Elle a terminé de ranger ses affaires et s’inquiète de ne plus m’entendre faire du bruit.
- Ca va maman ?
- Oui, bien sûr…
- On ne dirait pas. On dirait que tu as pleuré…
- Non, non… C’est l’émotion… J’étais entrain de relire mon journal, celui que je tenais lorsque j’avais 15 ans.
- T’avais un journal ? dit-elle étonnée.
- Oui…
- Moi aussi j’en ai un mais je n’écris pas souvent.
- Tu devrais, tu seras contente de le relire plus tard.
- Ah non ! Si c’est pour pleurer ensuite et être triste, c’est pas la peine !
- Mais, c’est juste des larmes de bonheur. Je ne suis pas triste. Au contraire, je suis ravie de pouvoir revivre pendant quelques minutes, ces bouts de vie de mon adolescence, lui répondis-je en la serrant dans mes bras. C’est que du bonheur…

Cette note chez Les Impromtus Littéraires

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Commentaires
E
Que du bonheur...la jeunesse, la solitude, l'ennui, les boutons sur le visage, les séparations, les peurs, les angoisses...vraiment que du bonheur...hum...j'ai l'impression que pour moi rien n'a changé...sauf que je n'ai plus de boutons...à la place j'ai des rides...;-))
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