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Devant moi... Au fil du temps
24 mai 2007

Une coccinelle dans un champ de coquelicots

Atelier d'écriture "Les Impromptus Littéraires"

Thème de la semaine du 21/05/07 au 27/05/07 - " Une coccinelle dans un champ de coquelicots "

Il faut croire que les plantes nous inspirent en ce joli printemps. Nous continuons donc notre promenade bucolique. Mais pour pimenter un peu la sauce, nous ajoutons cette semaine quelques contraintes... Vous êtes prêts ? Alors voici ce que nos esprit retords ont inventé pour vous...
Thème : " Une coccinelle dans un champ de coquelicots "
Introduire dans le texte les mots suivants : "anacoluthe", "mais c'est pas vrai ça !", "un hélicoptère".

~ ° o O o ° ~

- Maman, je peux aller cueillir quelques fleurs pour ma maîtresse dans le champ du curé ?
- D’accord… mais tu fais attention en traversant !
Laurina est une charmante petite fille de neuf ans habitant un petit village où tout le monde connaît tout le monde. Tous les midis, elle rentre manger chez elle. Sa maman ne travaille plus depuis qu’elle est venue au monde, ce qui lui permet de se consacrer pleinement à l’éducation de sa fille et à l’heureux évènement attendu d’ici une quinzaine de jours.
Aujourd’hui Laurina est très excitée, les vacances d’été approchent et tout à l’heure elle saura si elle passe dans la classe supérieure l’année prochaine. C’est pour cela qu’elle désire faire un joli bouquet pour sa maîtresse, Karine, pour la remercier.
- J’y vais maman…
- Hep, hep, hep… jeune fille, doucement. Tu es de retour dans vingt minutes, c’est bien d’accord… Je  t’appellerai lorsqu’il sera l’heure de revenir, ce sera plus sûr.
- Oui maman… Promis !
- Allez, file ! Lui dit sa mère après lui avoir déposé un tendre bisou sur le front.
Laurina traverse la route, enjambe le fossé et se retrouver dans le champ du curé. A cette période de l’année, il est envahi de fleurs sauvages aux couleurs multiples : des marguerites, des campanules, des bleuets, des clochettes, des mauves… Tout un panel de fleurs qui composeraient un magnifique bouquet pour sa maîtresse, mais Laurina a une autre idée en tête. Elle se dirige vers un endroit bien particulier qu’elle a baptisé « le champ rouge ».
Elle l’a découvert ce week-end en ouvrant les volets de sa chambre. Malheureusement, le programme de la journée ne prévoyait pas de ballade à travers champs. Elle avait donc bien repéré l’endroit, bien déterminée à s’y rendre un autre jour. C’était dernière le grand chêne, une fois passé les petits arbustes qui bordent l’entrée de la maison du curé. Là, il y avait un immense champs de coquelicots où le reste de la végétation peinait à de se développer.
Ce matin, avant de partir pour l’école, elle a observé l’horizon afin de s’assurer de la présence des belles fleurs rouges et en a profité pour repérer une dernière fois, l’itinéraire à suivre.
C’est vers cet endroit qu’elle se dirige maintenant d’un pas décidé. Dans sa hâte, elle ne fait pas attention aux branchages qui rétrécissent l’allée et s’éraflent ses jambes nues. Il en faut plus à notre courageuse aventurière, que de simples écorchures pour l’arrêter dans sa quête. Elle ne fait pas attention non plus, à la petite bestiole rouge et noir aux ailes bleues qui se pose sur son bras lorsqu’elle se baisse pour essuyer le sang qui dégouline sur sa jambe. Par contre, elle sent bien la piqûre violente de cet insecte ; instinctivement elle se frappe le bras pour la tuer… En vain, la petite bête s’est envolée immédiatement après son méfait.
Le venin se disperse rapidement dans son corps, mais en dehors d’une forte brûlure au niveau de la plaie, elle ne ressent aucune autre sorte de symptômes. Elle ne renonce pas pour autant, elle sait qu’elle n’est plus très loin…
Effectivement, quelques minutes plus tard, elle s’immobilise et s’émerveille face au magnifique spectacle offert par la nature. Elle l’admire un court instant puis se précipite pour aller cueillir les fleurs. Bizarrement, plus elle court, plus la distance qui la sépare des coquelicots s’allonge… Les rayons du soleil disparaissent et Laurina se retrouve au beau milieu d’une forêt à la végétation luxuriante. Elle lève sa tête vers le ciel et à sa grande stupéfaction, constate que les arbres au dessus d’elle ont leur feuillage rouge, rouge rubis comme les coquelicots qu‘elle a vu de sa fenêtre.
- Mais c’est pas vrai çà ! C’est impossible ! C’était des coquelicots ! Il n’y avait pas d’arbres ! Ce n’était pas des arbres que j’ai vu de ma chambre ! Dit-elle totalement désorientée.
Derrière elle une voix inattendue et agacée par ses braillements la fait sursauter.
- T’as pas fini de crier de la sorte ! Tu te crois où ?
Laurina se retourne et en apercevant l’être, se précipite derrière un arbre pour cacher. Elle est effrayée, elle ose à peine ouvrir ses yeux de crainte de le revoir… Ce n’est pas un être humain qui vient juste de lui parler, mais un affreux monstre ; un monstre à six pattes, à la carapace vert émeraude avec des ailes et deux longues antennes. En fait, il ressemble plus à un insecte géant qu’à un monstre. Il s’approche de Laurina en s’aidant de ses antennes qui lui servent de guide.
- N’es pas peur, je suis un coléoptère mais je ne me nourris que du pollen des fleurs.
- Je… Je n’ai pas peur… Je… Je suis juste surprise… Je venais cueillir des coquelicots pour ma maîtresse… J’ai suivi le bon chemin… Mais… Mais j’ai dû m’égarer… J’arrive dans cette forêt… Mais il ne devrait pas y avoir de forêt ici… Bafouille la petite fille.
- Tu n’es pas dans une forêt ici, tu es bien dans un champ de coquelicots. Regarde, lève la tête et tu verras !
- Mais qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai rapetissé ?
- Aaaah c’est toi dont m’a parlé Gendarm ! C’est toi qui te précipitais vers notre champ à toute allure, saccageant tout sur ton passage… Il a eu ordre de t’intercepter avant qu’un drame n’arrive !
- Mais… Je voulais juste cueillir quelques fleurs pour les offrir à ma maîtresse, moi. Je ne voulais pas vous faire de mal.
- Ce champ est protégé par les bêtes à Bon Dieu, tu ne dois pas y pénétrer sans leur accord. Ceux sont elles qui ont donné l’ordre d’attaquer. Gendarm t’a injecté une potion magique réduisant ta taille.
cocinelleAu même moment un nouvel insecte descend calmement de la tige d’un coquelicot. C’est une grosse coccinelle rouge carmin avec six points noirs.
- Je suis Cocci, le chef du conseil des bêtes à Bon Dieu. Nous avons entendu ta plaidoirie. Tu nous as semblée sincère et nous avons décidé de t’aider plutôt que de t’emprisonner dans la fourmilière. Je vais te reconduire dans ton monde et tout redeviendra normal pour toi ; tu ne te rappelleras même pas de nous.
- Mais mes fleurs… Je voulais quelques coquelicots…
- Notre armée va s’en charger. Lieutenant Fourmi, présentez-vous ! Vous avez ordre de couper une centaine de coquelicots et de les transporter jusqu’au chêne. Dépêchez-vous !
Des dizaines de fourmis sortent de leur monde souterrain à toute vitesse pour défiler en colonnes et au pas cadencé. Le brouhaha infernal des bribes de discussions, des mots attrapés à la volée, génère des anacoluthes étourdissant la petite Laurina, qui bouche ses oreilles jusqu’à la disparition des fourmis.
- Je vous remercie Cocci.
- Monte sur mon dos, nous partons immédiatement ! Ordonna Cocci.
La fillette s’exécute aussitôt, ne souhaitant pas rester plus longtemps dans ce monde pour risquer de se retrouver prisonnière.
- Accroche-toi, nous décollons.
Laurina, calée sur le dos de la coccinelle, s’envole dans les airs, survole le champ de coquelicots et le contemple avec ravissement. Elle est si près, qu’elle pourrait les caresser sans les abîmer. Ils sont magnifiques, ils dansent sous elle au rythme du déplacement d’air que Cocci provoque à chaque battement d’ailes.
« C’est comme dans le bal des ravissantes princesses de mes livres de contes. C’est le bal demoiselles des champs…» s’exclame-t-elle.
Le voyage se termine, Laurina aperçoit déjà le grand chêne ; sur sa gauche elle reconnaît sa maison. Cocci commence son atterrissage pour la déposer.
- Waouh, c’était incroyable ! J’avais l’impression de diriger un hélicoptère !
- Tu ne dirigeais rien, c’est moi qui commandais tout !
Avant de dire la formule redonnant sa taille initiale à Laurina et effacant de sa mémoire cette aventure, Cocci lui fait une dernière recommandation.
- Voilà, tu es chez toi. Dans quelques minutes tu oublieras tout ça, mais je tiens à ce que me fasse une promesse. Tu ne dois plus jamais tenter de revenir dans notre champ. Tu pourras t’en approcher pour l’admirer, mais ne plus jamais y pénétrer. Si tu essayes, tu serras à nouveau interceptée par Gendarm puis envoyée dans la fourmilière pour le restant de ta vie. C’est bien compris ?
- Oui Cocci, je te le promets… Je viendrai tout près mais je n’irai pas plus loin que les broussailles. Ou bien, je l’observerai depuis la fenêtre de ma chambre. Je pourrai demander à Papa de m’offrir des jumelles pour mon anniversaire et ainsi je pourrai te voir…
- Si tu veux. Adieu fillette.
- Au revoir Cocci.
- Gradavi, gridiva, partari, pirtira, immidi, immada !
La formule magique à peine prononcée, Laurina récupère sa taille de petite fille de neuf ans puis tombe dans un profond sommeil.
Ceux sont les appels de sa mère qui la réveillent l’instant d’après. Elle se redresse et voit à ses cotés un énorme bouquet de coquelicots qu’elle ramasse. Sur l’une des fleurs, elle y découvre une magnifique coccinelle avec six points noirs. Elle l’attrape pour la mettre sur son doigt puis repart chez elle en chantonnant la comptine qu’elle fredonne à chaque fois qu’elle trouve une de ces bêtes à Bon Dieu :
« Coccinelle, demoiselle, fera-t-il beau dimanche ? Oui, non, oui, non, oui, non… »

Ma version chez Les Impromptus Littéraires

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