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Devant moi... Au fil du temps
15 novembre 2007

Le bleu, les bleus de Babette

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Consigne N°57 de chez Coumarine :

Une photo de Coumarine...

L'incipit :

"Tante Babette prit une profonde inspiration"

Ceci est le début d'une nouvelle de Rilke qui s'intitule "L'anniversaire".

~ ° o O o ° ~

& Voici ma version...

Le bleu, les bleus de Babette

Tante Babette prit une profonde inspiration. L’émotion était intense.

Cela faisait si longtemps...

C’était juste après la guerre. À l’époque, ce n’était pas cette belle biscuiterie où profusion rime avec gourmandise. Non, juste une petite épicerie aux étalages peu achalandés.

Elle y avait vécu seule avec sa mère après que son père, mobilisé, ait été constitué prisonnier & envoyé au fin fond de l’Allemagne. Sa mère ne lui avait jamais montré le moindre signe d’affection ; elle n’était que son souffre-douleur. Un mot déplacé, un oubli, une bêtise ou un retard pouvaient déclencher sa hargne, sa colère & sa violence. Les gifles, les coups, les corrections au ceinturon ne l’avaient jamais épargnée.

Autour d’elle, ses cousines, ses tantes savaient, elles avaient même assisté à certaines scènes… Jamais elles n’étaient intervenues. Seule la boulangère avait eu l’audace de lui faire la morale, un jour où les bleus étaient trop visibles & que Babette n’avait pas su mentir.

À la fin de la guerre & au retour de son père, la vie avait repris son cour, presque normalement. Souvent absent, il ne se doutait pas du calvaire vécu par Babette.

Un soir, dans le bleu de ses yeux, il a vu toute la détresse, toutes les peurs de sa fille. Il a compris ses souffrances, celles qu’elle endurait de sa mère devenue son tortionnaire. Il l’emmena loin d’elle & l’espoir revint dans le bleu des yeux de Babette.

Elle n’y était jamais revenue depuis, la blessure était trop profonde, trop douloureuse, à peine refermée.

De l’autre côté du comptoir, une vieille femme aux cheveux blancs et relevés en chignon, sortit de l’ombre. Babette reconnu son regard sombre derrière le sourire qu’elle leur adressa.

- Voulez-vous goûter une madeleine ? Proposa la vieille dame en tendant d’une main tremblante une boîte.

Babette hésita longuement. Cette femme âgée si frêle, qui n’avait plus rien à voir avec sa mère, l’effrayait encore. Elle sentit son sang glacer ses veines.

- Non… Non merci, je ne veux plus rien de vous.

Cette note chez Coumarine

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