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Devant moi... Au fil du temps
27 juin 2007

~° Rien n’est impossible - Fin °~

En quittant la gare, Aleksandra remarqua tout de suite le café en face d’elle. Elle allait s'y rendre lorsqu’elle aperçu sur le trottoir, le délateur. Elle se dirigea dans sa direction et l’apostropha.
- Vous n’êtes qu’un traître monsieur, sans aucune dignité pour votre pays, sans aucun respect pour vos compatriotes. Vous devriez avoir honte de vous !
- C’est vous qui devriez avoir honte maudite… Garce ! Vociféra-t-il en levant sa canne sur elle et en lui affligeant plusieurs coups sur la tête, d’une extrême violence.
Elle essaya de se protéger avec ses bras mais l’homme, hors de lui, continuait à la frapper tout en l’insultant. Des passants vinrent à son secours et arraisonnèrent l’individu.
Aleksandra avait perdu connaissance. Le dernier coup reçu avait eu l’effet d’une terrible détonation dans sa tête, suivi d’un fort éblouissement ; une lumière intensément blanche, presque aveuglante, puis plus rien, le noir complet, accompagné du silence absolu.
Elle avait l’impression d’être dans un profond sommeil, d’avoir retrouvée la sérénité, la quiétude comme elle ne l’avait pas ressentit depuis des semaines, voire même des mois. Elle se sentait bien, terriblement bien et reposée sans envie de quitter la léthargie dans laquelle elle se trouvait.
Quelqu’un la secouait, l’appelait doucement mais elle ne réagissait pas, elle ne voulait pas réagir. «  Laisser moi, je suis bien ainsi, je dors, je rêve… Je suis heureuse… Je veux encore dormir » pensa-t-elle. On continuait de la secouer tout en lui parlant doucement. Elle comprenait à peine les paroles ; ce n’était pas son prénom, Rose ou Aleksandra, ni même madame… Elle reprit peu à peu connaissance et les mots devenaient plus compréhensibles.
- Maman… Maman… C’est l’heure. Il est neuf heures.
Elle se releva brusquement, stupéfaite de se retrouver dans sa chambre avec ses enfants autour d’elle qui étaient venus la réveiller. Que faisait-elle ici, avait-elle rêvé toute cette aventure dans le passé ? Mikolaj, Anna, Wojciech et Aleksandra faisaient-ils parti de son rêve où les avaient-elle réellement rencontrés au cours de la nuit ? Elle n’en savait rien, mais c’était la seule explication sensée qu’elle pouvait avoir.
- Ça va maman ? Lui demanda sa fille étonnée et inquiète de la voir paniquée.
- Oui… Oui ça va… J’étais juste dans un rêve, très surprenant et ça semblait tellement réel que je ne savais plus où j’étais.
- Oh moi aussi ça m’arrive, ajouta son fils. Je fais un rêve mais j’ai l’impression que c’est vrai et ça me fait peur parfois… Comme la fois où j’ai mangé un oiseau… Même les plumes… Tu te rappelles ?
- Bien sûr ! Allez on se lève. Vous allez préparer le petit déjeuner, j’arrive.
- Oui, répondirent-ils en cœur en quittant la chambre de leur mère.
Rose s’essaya sur le bord de son lit. Songeuse, elle cherchait autour d’elle un indice, une preuve qu’elle n’avait pas rêvé tout cela. Qu’elle avait voyagé dans le passé, rencontré son père lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, ses grands-parents paternel qu’elle n’avait jamais connus et cette Aleksandra qui lui ressemblait tant. Mais il n’y avait rien, rien de plus que son médaillon qu’elle avait déposé sur la table de nuit avant de se coucher la veille. Il était posé sur la carte de son psychologue, celui avec qui elle travaillait depuis quelques séances sur ces problèmes de confiance en soi et des troubles de la personnalité. Peut-être pourrait-il lui fournir une explication. Elle attrapa le téléphone et composa le numéro de son cabinet.
- Allo ?
- Docteur, c’est Rose… Il faut que je vienne vous voir absolument aujourd’hui. Il vient de m’arriver quelque chose de très surprenant et je dois vous en parler… J’ai l’impression d’avoir vécu une autre vie… Dans le passé… C’était tellement vrai ! Je ne sais plus… C’est… C'est comme… Comme si Aleksandra était en moi… Comme si j’étais sa réincarnation… Vous devez me prendre pour une folle…
- Calmez vous. Nous allons nous entretenir ensemble, passer me voir à 11h. Rassurez-vous, on va en discuter mais il se peut que cela soit lié aux différentes séances d’hypnoses que nous avons faites. Ça va aller, ajouta-t-il d’un ton apaisant.
- D’accord. Bien, docteur… Merci, docteur. A tout à l’heure.

~ ° o O o ° ~

En ayant toujours eu pensée toute particulière pour mon père lors de l’écriture de cette nouvelle.

Parce qu’il est nécessaire de connaître son passé, son histoire, l’histoire des siens… Que sans passé, il n’y a pas de repère, sans repère il est parfois difficile de vivre son présent & de construire son futur…

Je ne connais presque rien de la vie de mon père, né un certain jour de mars en 1927, dans une ville de  Pologne qui suite à la redéfinition des frontières est devenue une ville d’Ukraine.
Enfant, ses parents lui ont dit de fuir le pays au moment de l’invasion de la Pologne par les Allemands.
Avait-il des frères et des sœurs ? Que sont devenus ses parents ?
Je ne sais.
Je sais qu’il a été recueillit ou accueillit par un homme, quelque part en Suède ou en Norvège…
Que plus tard il a travaillé dans les mines de charbon en Belgique, puis dans le nord de la France…
Qu’un jour, il s’est engagé dans la Légion Etrangère, qu’il a fait plusieurs batailles…
Qu’un jour, il a rencontré ma mère, mais sans savoir comment… Maman n’en ayant jamais parlé, comme si cela était tabou…
Maman aussi, dont je connais à peine son histoire. Né en juillet 1931 d’une mère très autoritaire et d’un père qui a longtemps été prisonnier de guerre. Fille unique, elle allait souvent chez ces cousins et cousines.
Plus tard, elle est partie jeune fille au paire pendant trois ans en Angleterre puis est revenue en France à la demande de ses parents, pour leur donner un coup de main à la boutique qu’ils avaient…
Et puis, leur rencontre, un mariage en 1963 et quatre enfants entre 1964 et 1968.
Quelques années de bonheur et puis le drame, le décès de mon père. J’avais à peine six ans…

J’ai écrit cette nouvelle avec l’idée de l’offrir à ma mère et ainsi, peut-être, lui donner envie d’écrire un morceau de ce passé que je ne connais pas, pour moi, mes sœurs et mon frère, mais aussi pour mes enfants, leurs enfants.
Je lui ai demandé plusieurs fois mais sans jamais trop insister, peut-être se décidera-t-elle de le faire, un jour, avant que la vie ne nous sépare…

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Commentaires
E
C'est merveilleux! Une histoire passionnante, originale, un style sublime et en plus un fond de vérité. Tu es exceptionnelle Cassandrali.
I
c'est trop beau, une jolie fin et cette dédicace à tes parents... C'est vraiment dommage que si peu de personne ont suivi ta nouvelle.
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