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Devant moi... Au fil du temps
21 mai 2007

Mauvais délire

13009369_pConsigne N°46 de Coumarine :

      

Voici un petit personnage que j'ai photographié au hasard d'une brocante. Mais pas n'importe laquelle: la célèbre brocante de la place du jeu de balle à Bruxelles.

Pas d'incipit cette fois, mais une phrase à placer dans votre texte, à l'endroit choisi par vous:

"Seule l'écriture nous (me) sauvera de la gueule de bois"

~ ° o O o ° ~

      

& Voici ma version...

Mauvais délire

Mes années fac, années de toutes les tentations mais aussi, de toutes les galères. J’avais vite décroché, je me laissais vivre… Un soir, un peu éméché, je l’avais croisé. Assis sur son banc, il m’avait interpellé :
- T’aurais pas une p’tite pièce pour moi, mon prince ?
Fauché, j’avais raclé mes fonds de poche & trouvé quelques pièces.
- Merci mon prince… Tu viens t’en j’ter une chez moi ?
Je l’avais suivi & atterri dans une chambre de bonne. Elle était envahie d’étagères de livres, de piles de cahiers, de bouts de papiers griffonnés, chiffonnés & éparpillés partout. Je restais sans voix, le regardant avec de grands yeux étonnés.
- Ca t’la coupe, hein ? Bah wouais, j’lis et j’écris !
- J’peux ?
- Vas-y, si ça t’intéresse… Tiens… Bois ça… Ca t’aidera !
J’avais attrapé un cahier au hasard. Au fil des pages, j’avais découvert des nouvelles, des poèmes, des anecdotes…. De vrais chef-d’œuvres pour le passionné de littérature que j’étais.
Un verre, puis deux qui s’enchaînaient au rythme de mes lectures.
Je dévorais les lignes page après page, mais une phrase m’obsédait. Je l’avais lue à plusieurs reprises « Seule l’écriture me sauvera de la gueule de bois ».
Etait-ce sa devise, son nom de plume ?
Je n’avais pas osé le déranger. Tapi sur son lit, le vieux bonhomme à la tête cassée et aux vêtements élimés, était en pleine inspiration. Son stylo courait sur la page, la noircissait à l’infini à une vitesse affolante, en oubliant la bouteille coincée entre ses jambes.
Mes idées s’embrouillaient, tout tourbillonnait autour de moi. En écho, cette phrase martelait mon cerveau fatigué tandis que je voyais les murs danser, basculer & s’écraser sur moi.
Brusquement, tout était devenu noir…
Lorsque j’ai repris mes esprits, j’avais une effroyable migraine. Ma tête reposait sur la page vierge d’un cahier, collé à ma joue par les coulures de bave échappée de ma bouche. J’étais seul, face au vieux pantin tout disloqué que j’avais trouvé dans la rue, qui me regardait ironiquement. Je l’entendais se gausser de moi :
- J’t’avais prévenu pourtant, t’as pas voulu m’écouter… Tant pis pour toi !

Cette note chez Coumarine

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Commentaires
W
je l'aime aussi
P
Je la trouve super cette histoire. Bises Pénélope
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