Partir avant
Me promenant dans le très beau blog de Bellesahi, j'ai vu là quelques belles photos, des photos qui m'ont parlé...accord fut pris avec Sahi la Belle...qui ne sait pas encore quelles photos j'ai sélectionnées pour vous concocter une bonne petite consigne...
L'incipit:
"Et maintenant, ça suffit...! "
De plus vous insérerez de manière habile et non artificielle (tout ça!) les trois mots suivants (dans l'ordre que vous voudrez): cathédrale - citron - corbeille.
& Voici ma version...
Partir avant
« Et maintenant, çà suffit… ! » Je me souviens que c’est la dernière phrase que j’ai dite. Après… Le noir absolu celui qui terrifie, qui glace le sang. Puis, une lumière qui s’approche et m’éblouie.
- Mademoiselle, vous m’entendez ? Serrez ma main si vous m’entendez ! Chef… Pas de réactions et le pouls est très faible.
- Mettez là dans le camion, on la transporte tout de suite !
Mes yeux sont ouverts mais je ne distingue rien, tout est blanc… Des ombres autour de moi s’agitent… Je sens un mélange d’odeurs écoeurantes, je reconnais celle du citron… Leur aseptisant, peut-être…
- Monsieur, c’est mon amie, je peux monter ?
- Vous n’êtes pas en état. Montez dans l’autre engin, on va vous prodiguer les premiers soins.
C’est la voix d’Eric… Eric ! Je crie mais aucun son ne sort de ma bouche. Je tente de me relever mais je n’arrive même pas à bouger un orteil. Le véhicule démarre. La sirène retendit, hurle, comme Eric tout à l’heure…
Ca me revient… On se disputait à cause de sa mère, comme bien souvent depuis l’annonce de notre mariage. Elle a la folie des grandeurs, elle veut tout décider à notre place !
« Et pourquoi pas une cathédrale pendant que vous y êtes », lui avais-je balancé à la figure avant de partir en claquant la porte. Quelques minutes plus tard, Eric m’avait rejointe et on avait pris la route. Le ton de la conversation était monté. Il roulait vite, de plus en plus vite, trop vite…
- Chef, j’ai plus de pouls !
- Masser tout de suite !
Je suis là, inerte, étendue sur le brancard. Le pompier s’acharne. Il tente de faire repartir le cœur de mon corps blessé, mais il est trop tard, je suis déjà partie.
Aujourd’hui, je suis dans l’église du village de mon enfance. Un piano joue les notes de musique de la partition, celles que je souhaitais entendre en cette occasion. Elles plongent l’assemblée dans le recueillement et quelques pleurs. Eric est seul devant une multitude de corbeilles de fleurs blanches. Il a sa main gauche posée sur son cœur et me tend l’autre. Aucun membre de sa famille n’est présent.
On s’en moque… On s’aime pour la vie !
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