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Devant moi... Au fil du temps
7 mai 2007

La voix d’un ange

Sur une idée de Bénédicte...

sv10001318h45, dans un quart d’heure les portes du « Jardin des Roses » ferment. Gaspard fait résonner l’alarme annonçant la fermeture aux visiteurs et aux promeneurs. Cela fait trente ans qu’il travaille dans ce parc, trente ans que tous les matins à 10h00, il ouvre les portes, trente ans qu’il les referme à 18h00 l’hivers et 19h00 l’été, en alternance avec son collègue et néanmoins ami, Jacques.
Ce soir comme tous les autres soirs, il verrouillera la grille principale. Ensuite, il fera le tour du parc afin de s’assurer que tout le monde est bien sorti puis rangera les chaises que les gens auront laissé éparpiller par ci par là.
Mais ce soir Gaspard n’en peut plus. Gaspard est fatigué, vidé, sans force… Celles-ci se sont échappées de son corps tel un goutte un goutte, tout au long de la journée. Et puis à bien y réfléchir, cela fait quelques semaines que cette sensation de fatigue l’a envahi : une, deux, trois, peut-être quatre…  Il ne sait même plus. Il se réveille fatigué, la lassitude se ressent tout au long de la journée et le soir, lorsqu’il rentre chez lui dans sa petite maison, il est tellement épuisé qu’il n’a plus aucun courage à rien. Il se laisse tombé dans son fauteuil et n’en bouge plus jusqu'à la nuit tombée. Là, il part grignoté ce qui lui tombe sous la main et part se coucher. Il essaye de s’endormir mais bien souvent c’est l’insomnie qu’il lui tient compagnie jusqu’à l’aube.
Ce soir, alors qu’il marche seul dans le parc, Gaspard s’arrête devant deux chaises se trouvant à l’ombre sous un érable ; elles semblent lui tendrent les bras, l’appellent :
« Viens Gaspard… Assied-toi, tu as bien mérité de te reposer un peu… Tu nous rangeras tout à l’heure… »
Gaspard les regarde quelques secondes puis se dirige vers elles. Il s’assoit, regarde droit devant lui, s’inclina en appuie sur ses genoux. Il pris sa tête entre ses mains et fondit en larmes. Les larmes de désespoir, les larmes de la solitude pensante qui est devenue sa compagne de vie depuis que  sa chère Angèle s’en est allée, il y a presque deux ans maintenant. Gaspard pleure ; il pleure toutes les larmes qu’il n’a jamais laissées s’échapper de son corps, de son âme, toutes les larmes qu’il a toujours retenues… Parce que « çà ne pleure pas un homme » lui avait-on sans cesse répété dans son enfance et à son adolescence.
« Monsieur… Tu pleures ? »
Le chagrin de Gaspard est tel qu’il n’entend même pas le garçonnet qui s’est approché de lui tout doucement.
« Dis monsieur… Pourquoi tu pleures ? » Insiste-t-il.
Gaspard relève la tête et aperçoit le jeune garçon. Tout d’abord étonné de le voir, il se sent très embarré d’être surpris dans cet état de faiblesse. Il passe rapidement ses mains sur son visage pour essuyer ses larmes et ainsi redevenir digne du regard des gens. Les yeux rougis et la voie tremblante malgré ses efforts, il s’adresse au petit.
- Qu’est-ce que tu fais là mon garçon ?
- Pourquoi tu pleures monsieur ?
- Mais… Mais je ne pleurais pas…
- Si tu pleurais, je t’ai entendu… Tu es triste ? Quelqu’un t’as Fait du mal ?
Gaspard est stupéfait par le comportement du jeune garçon. Il doit avoir une dizaine d’années ; habituellement, les gamins de son âge qu’il croisse régulièrement dans le parc, sont de vrais garnements sans aucune compassion vis-à-vis des adultes ou des personnes âgées en détresse.
Il observe le jeune garçon. Il n’est pas très grand, le visage clair, très clair presque illuminé ; ses cheveux étaient tout bouclés et d’un blond vénitien ; quelques tâches de rousseur semblent déposées sur ses joues et son nez de façon harmonieuse ; ses yeux sont d’un bleu vert éblouissant, lui faisant penser à la couleur des aigues marines ; sa bouche est fine, de couleur rose orangé, elle lui sourit… Gaspard est attiré par l’intensité du regard du jeune garçon et se sentant en confiance, se livre à lui.
- Non… Non, personne ne m’a fait de mal. Je suis juste fatigué et surtout très triste.
- Pourquoi t’es triste ?
- Pourquoi… Dit-il en secouant la tête et en prenant une grande inspiration. Et bien, je crois que je suis triste parce que je suis tout seul, parce que plus personne ne vient me voir, parce que mes enfants sont loin et qu’ils m’ont oublié, parce que ma femme Angèle est partie depuis trop longtemps ; que je voudrais la revoir, seulement quelques instants… Lui dire que je l’aime toujours, qu’elle me manque plus que tout… Parce que je n’ai pas eu le temps de lui dire… Voilà… Tu vois mon petit, c’est pour tout cela que je suis triste.
- Tu veux que je te dise un secret ?
- Un secret ?
- Oui, un vrai secret, mais pas n’importe quel secret.
- Ah bon ?
- Oui, mes secrets sont magiques.
- Des secrets magiques ?
- Ceux sont des prédictions, un peu comme des vœux qui se réalisent…
- Des vœux qui se réalisent ? Répondit Gaspard très étonné. Comme dans les contes des milles et une nuit avec le génie de la lampe ?
- Oui, si tu veux.
- Et tu as une prédiction me concernant ?
- Oui… Dans quelques jours, tes enfants vont venir te voir…
- C’est vrai ? Demanda Gaspard tout excité. Mes enfants vont venir me rendre visite ?
- Oui… Et ce soir, tu vas revoir ta bien aimée Angèle.
- Angèle ? Répéta Gaspard. Mais c’est impossible, mon Angèle est morte…
- Chuuut… Fit le garçonnet tout en mettant son doigt devant la bouche. Je t’ai dit que mes secrets étaient magiques.
- Peut-être, mais on ne plaisante pas sur ce sujet.
- Tu veux revoir ta chère Angèle, Gaspard ?
- Oui, j’aimerai…
- Alors viens avec moi, on part maintenant.
Le petit garçon pris la main de Gaspard et l’aida à se lever. Tout les deux partir main dans la main en direction de la grille du parc. A son approche, la porte s’ouvrit et s’illumina d’une lueur étoilée.
Gaspard n’avait pas bien observé le petit garçon. S’il n’avait pas eu les yeux si embrumés par ses larmes, il aurait pu constater que malgré le crépuscule venu, il faisait encore jour au moment de leur conversation ; il aurait pu s’apercevoir que le jeune enfant était tout de blanc vêtu et qu’en son dos deux ailes magnifiques l’habillait.
Le lendemain matin, à 9h45, Jacques franchit la porte du parc et se dirige comme à son accoutumé, dans le local réservé au personnel pour se changer. Sur le chemin, il repère des chaises dérangées.
« Gaspard a du les oublier » Se dit-il en ronchonnant un peu.
Quelques mètres plus loin, une forme attire son attention… Curieux, il décide de se rendre sur place.
« Gaspard… » Dit-il surpris. Mais qu’est ce que tu fais là, mon Gaspard ?
N’obtenant aucune réponse, il s’approche et pose sa main sur son épaule pour la secouer un peu.
« Gaspard… Oh hé… Gaspard, tu te réveilles ? Gaspard… T’es pas drôle ! Gaspard… »
Jacques n’obtint aucune réponse ; il leva la tête de son ami délicatement et pu découvrir qu’il souriait. Effrayé, Jacques recula. Il compris que son ami s’en était parti. Blême, il couru appeler les secours.
Au sol, tout autour de la chaise des petites plumes blanches étaient éparpillées. Personne ne sut d’où elles provenaient.

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Commentaires
C
Bravo, j'ai passé un très bon moment en lisant ton texte. Une bien belle façon de parler de ce moment de la vie qui est triste pour ceux qui restent mais qui fait bien partie de la vie !
E
Alors là, je suis admirative, tu es désormais mon idole, c'est incroyable comme ta plume a progressé! Tu es aérienne...
C
le texte est super beau... mais la fin un peu triste à mon goût...
B
très joli texte.... à la fois trsite et optimiste malgré tout.... <br /> <br /> bravo
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