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Devant moi... Au fil du temps
22 mars 2007

C'est fini... Fini la comédie...

Eté 1981, le 21 août ; je me souviendrai toujours de ce jour… Je venais d’avoir 12 ans. A la radio, Dalida remportait un succès fou avec sa chanson « Fini la comédie ».

« C'est fini, c'est fini la comédie

On était bien parti éternité garantie

On était seuls au monde devant nous la route longue… »

C’était aussi la chanson préférée, du moment, de Mamydoux.

Mamydoux c’était ma grand-mère, mon rayon de soleil dans cette vie grise et nuageuse. Mamydoux, c’était la gentillesse, la douceur, les câlins, la compréhension aussi, mais surtout l’affection dont je manquais et dont j’avais besoin. Elle était le seul lien qu’il me restait avec ma mère partie quelques années plus tôt dans un accident de la route. Elle m’avait prise sous son aile depuis ce terrible jour ; j’étais sa petite fille, la seule chose qu’il lui restait dans ce pays.

Elle y avait rencontré son époux au moment de la libération ; il était officier, elle infirmière anglaise débarquée avec les troupes alliées… Elle l’a soigné et ils ne s’étaient plus quittés. Leur fille, Jane, était née un an plus tard… Une vie de bonheur conjuguer au présent.

68 les jeunes, les étudiants se révoltent, manifestent, Jane se marie et comme sa mère, l’année suivante, elle me met au monde ; c’est aussi l’année où décède mon grand-père.

La vie s’acharne en m’enlevant ma mère il y a deux ans.

Mon père s’est remarié l’an passé avec une femme qui ne m’aime pas… Que je n’aime pas ; jalouse, aigrie, odieuse… Tout le contraire de maman. Elle a apporté avec elle un fils, mon demi-frère plus jeune de cinq ans. Un gamin capricieux devenu la cinquième merveille du monde même aux yeux de mon père qui me délaisse. Cet été, ils m’ont envoyé en colonie, au bord de mer pour m’éloigner de leur vie, se débarrasser d’une enfant devenue encombrante au fil des mois.

Mamydoux avait parlé avec mon père et avait réussit à obtenir de lui que je puisse passer le reste des vacances chez elle. La veille du départ, j’avais passé l’après-midi chez elle. Un bel après-midi ensoleillé passé dans son grand jardin, son petit jardin à l’anglaise comme elle l’avait baptisé fait de roses, de gardénias… On s’était installée au salon de jardin pour prendre le thé, du earl grey son préféré, avec un grand nuage de lait pour moi, des macarons au chocolat et à la pistache en accompagnement. Un vrai délice dégusté face à face, le regard rieur et emplit de complicité.

Bien installée dans son fauteuil, son cousin brodé sur les genoux, elle avait arrêté de rire pour m’annoncer avec son petit accent charmant :

« Sarah, pendant tes vacances en colonie, je vais parler à ton père. Je vais lui demander d’avoir ta garde, du moins tout le temps où je pourrais… Un accord à l’amiable entre nous qui conviendrait à tous. »

« C’est vrai ? On va vivre ensemble Mamydoux… Tous les jours ? »

« Je vais voir avec ton père, et s’il est d’accord… Alors oui, on vivra ensemble toutes les deux. »

Cette chanson qui passait inlassablement sur les ondes, avait désormais un goût des plus amers.

« C'est fini, c'est fini la comédie »

Oui fini la comédie, bien fini, irrémédiablement fini, à tout jamais…

J’ai tout compris lorsqu’ils sont venus me chercher à la gare, ils s’étaient que tous les deux avec ce sale gamin qui braillait, qui en avait assez d’attendre.

« Mamydoux n’est pas là ? »

« Elle ne viendra pas. Elle est morte » m’avait elle dit sans plus de compassion.

« … Il faut baisser le rideau

C'est fini, c'est fini la comédie…

Nous n'étions que nous deux

C'est fini

C'est fini la comédie. »

D'elle je ne garde plus que son souvenir et son cousin brodé qu'elle aimait tant.

Inspiration, un fauteuil dans un jardin, un cousin style anglais laissé dessus.


Mon devoir de vacances - Enriqueta a été la première à écrire sa version, celle-ci était la mienne.

Un souvenirs n'appartient qu'à mon imaginaire, inventé des toutes pièces à partir de l'inspiration qui me venait en regardant cette photo. Cela étant, une seule chose est vrai : j'ai appris le décès de ma grand-mère en retrant de colonie, j'avais 10 ans, et je savais qu'elle était déjà gravement malade...

 

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Commentaires
I
on y a toute cru, tu es une artiste de talent, dis donc...
C
Merci les filles pour vos gentilles pensées...<br /> Mais ce souvenirs n'appertient qu'à mon imaginaire ; je l'ai inventé des toutes pièces à partir de l'inspiration qui me venait en regardant cette photo.<br /> Une chose est vrai : j'ai appris le décès de ma grand-mère en retrant de colonie, j'avais 10 ans, mais je savais qu'elle était déjà gravement malade...
S
depuis déjà quelques temps, j'en aurais la larme à l'oeil !<br /> <br /> Bises :)
C
... que rajouter ? <br /> <br /> Juste te dire que je compte bien faire ma version, à partir des fleurs sur la table... des que je pourrai... :-)
I
terrible en effet, tu n'as pas eu une enfance facile, toi non plus.
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